Condamné à mort le 13
juillet suivant, son exécution par le bourreau Deibler et
ses assistants eut lieu le 31 août de la même année
à la prison de la Roquette à Paris. Anatole
Deibler, le plus célèbre bourreau de la République,
exécuta durant sa "carrière" 395 condamnés
à mort, des plus anonymes aux plus célèbres
(Ravachol, Landru...). De 1885 à 1939 il coucha minutieusement,
dans plusieurs carnets de notes, ses impressions sur ces exécutions.
Longtemps tenus secrets, ces carnets ont été adjugés
en 2003 pour 100 000 euros à Drouot et publiés en
2004 * ...
Le journal La Croix paru au lendemain
de son exécution devait se faire l'écho de sa "conversion".
"L'aumônier se met devant lui pour lui cacher la sinistre
machine. Les aides le soutiennent: il repousse et le prêtre
et les bourreaux. Le voici devant la bascule. Deibler le pousse
et l'y jette. Un aide, placé de l'autre côté,
lui empoigne la tête, l'amène sous la lunette, le maintient
par les cheveux.Mais avant que ce mouvement se soit produit, peut-être
un éclair de repentir a-t-il traversé sa conscience.
Il a demandé à l'aumônier son crucifix. Il l'a
deux fois embrassé.Et quand le couteau tomba, quand un des
aides saisit par une oreille la tête détachée,
nous nous disons que si la justice humaine est satisfaite, peut-être
ce dernier baiser aura satisfait aussi la justice divine, qui demanda
surtout le repentir."
Selon l'abbé Faure, aumônier
de la prison de la Roquette, Pranzini parlait correctement huit
langues et occupait son temps à la traduction d'extraits
de l'oeuvre d'Alexandre Dumas. A la veille de son exécution,
l'ancien employé des postes devait passer plus de deux heures
en tête à tête avec l'homme d'Eglise. Au cours
de son incarcération il devait avoir également plusieurs
entretiens avec l'abbé et assister à plusieurs de
ses messes.
Rares sont les pipes en terre cuite
qui représentent des assassins. On peut toutefois
signaler l'existence d'une pipe fabriquée par Gambier, autre
manufacture célèbre installée à Givet.
Il s'agit du portrait de Gabrielle Bompart (né en 1868),
commandé à Gambier par un comité de défense.
Gabrielle Bompart fut condamné à 20 ans de travaux
forcés en raison de sa participation au meurtre de Gouffe,
huissier de justice dont le corps putréfié est découvert
le 13 août 1889 à Millery dans l'Aude. Attiré
sous un "prétexte galant" dans son appartement,
Gouffe est étranglé par Michel Eyraud (né en
1842), l'amant de Bompart. Eyraud lui dérobe 250 francs,
une montre et une chaîne en or ainsi qu'une bague ornée
de 2 diamants. Condamné le 20 décembre 1890, Eyraud
est exécuté le 3 janvier 1891. Libérée
en 1903, Gabrielle Bompart décède, elle, en 1920.
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