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Rares fantaisies du "Grand Café André" | |||||||||||||||||
Exceptionnel et rare ensemble de pipes à tuyau en terre blanche (circa 1890/1910) dont le culottage laisse apparaître le décor et les mentions réalisés à l'émail blanc. Rare, puisque ces "terres" proviennent à l'évidence d'un ou de plusieurs rateliers d'un établissement du nord de la France, peut-être également de la Belgique, le "Grand Café André" ! Exceptionnel d'autre part, puisque ces pipes
ont été émaillées de nombres pouvant indiquer
leur emplacement sur ces rateliers. Cette observation n'avait jusqu'à
maintenant jamais été publiée...
Homogènes typologiquement (modèles "Flamandes à crochet" et "Belges viennoises"), ces pipes ont été dans leur grande majorité fabriquées par 2 célèbres manufactures des Ardennes et du nord de la France (Gambier à Givet ; Scouflaire à Onnaing). Elles ont à l'évidence été émaillées par le même artisan - l'écriture est en effet identique - probablement par un "émailleur en chambre", comme il en existait au XIXème et au tout début du XXème siècle. Fondée en 1840, la "Maison Joseph - émailleur" exerçait par exemple son activité dans le Quartier Latin à Paris, au 7 de la rue des Poitevins, à proximité de la fontaine Saint-Michel. Cette maison s'était spécialisée dans l'émaillage d'objets du fumeur en terre de pipe (fume-cigares, fumes-cigarettes et pipes). Son activité principale consistait en l'émaillage de pipes Gambier pour les étrennes "marquées à l'Email blanc, au Nom des Fumeurs". A. Héricour, un autre artisan exerçant son activité au 56 rue Oberkampf à Paris, était également "fabricant de pipes émaillées et marquées aux noms des fumeurs". Sa production était destinée aux cafés, brasseries, cercles, bureaux de tabacs. Habile commerçant, Héricourt indiquait dans sa publicité : "A toute commande, il est offert au patron et au garçon une belle pipe émaillée à leur nom.". Les piperies émaillaient bien entendu également ces productions d'un type un peu particulier, ce travail étant généralement confié à des émailleuses qui décoraient à plein temps les autres pipes de la production. Un papier à en tête de la Société Anonyme de la fabrique Gambier du début du siècle indique ainsi : "Têtes unies et artistiques avec inscriptions diverses pour Réclames, Etrennes, Sociétés, Concours, Festivals, Souvenirs de Ville, Régiments, pour Militaires". Aidé de sa fille, le père Hanneuse (l'arrière grand-père de Madame Renée Care qui nous a fait découvrir l'ouvrage édité en 1980, "Histoire et Vie d'Onnaing", édité en 1980 par les membres de l'association du même nom) travaillait pour le compte de la piperie Scouflaire d'Onnaing. Son activité l'amenait à émailler à son domicile, pour le compte de ce fabricant, des Jacobs et des pipes à tuyau. Une fois émaillées, ces pipes étaient recuites dans un four installé dans la cour de son habitation. Les pipes présentées ici sont ainsi décorées de divers motifs émaillés, points, gouttes, vaguelettes. Certaines sont émaillées du nom de leurs propriétaires ("LEBON", "BIGOT", "ALBERT BLAIS"), ou du nom d'une association estudiantine ("ASSOCIATION GLE DES ETUDIANTS"). Deux autres "terres" portent enfin la mention "GD CAFE ANDRE". Outre ces décors et mentions diverses,
toutes ces pipes présentent sans exception des nombres émaillés,
dans la moitié des cas habilement dissimulés sous les tuyaux,
à proximité des foyers. Les autres exemplaires portent ces
chiffres sur l'un des côtés du foyer, une croix décorant
l'autre côté, symétriquement comme pour équilibrer
la composition émaillée. On connaissait déjà les pipes de conscrit, émaillées au nom de leur propriétaire et marquées de l'année d'incorporation, tout comme les pipes d'étrenne décorées de la mention "Bonne année" suivie ou non de l'année. Inédits, les marquages de nos exemplaires ne semblent jamais avoir été décrits ! Selon Don Duco, conservateur du Pijpenkabinet d'Amsterdam (le Musée National de la Pipe), ces pipes proviennent à l'évidence d'un établissement, le "Grand Café André", très certainement localisé dans le nord de la France, comme l'indique la mention portée sur 2 fantaisies émaillées de notre série. Au XIXème et au début du XXème siècle, les fumeurs laissaient généralement dans les cafés qu'ils avaient l'habitude de fréquenter leur fragile et longue pétunoire. A l'occasion d'une commande de pipes, le patron de ce café a probablement proposé à ses habitués de faire inscrire sur certaines d'entre elles leur nom. D'autres pipes reçurent le nom de cette association d'étudiants dont les membres fréquentaient à l'évidence également son établissement. Plus nombreuses devaient être celles destinées à de futurs clients, d'où l'émaillage plus impersonnel "Grand Café André". Par souci de commodité, le nombre de pétunoire devant être important, chaque pipe était marquée d'un nombre indiquant selon Don Duco leur emplacement sur un ou plusieurs rateliers !
De gauche à droite : - Manufacture inconnue (probablement
française) : Flamande, crochet au talon (émail blanc)
- Manufacture SCOUFLAIRE (Onnaing,
Nord) : Viennoise (émail blanc) - Manufacture SCOUFLAIRE (Onnaing,
Nord) : Flamande, crochet au talon - Manufacture GAMBIER (Givet, Ardennes)
: Flamande, crochet au talon - Manufacture SCOUFLAIRE (Onnaing,
Nord) : Viennoise (émail blanc) En bas : - Manufacture
GAMBIER (Givet, Ardennes) : Flamande, crochet au talon De gauche à droite : - Manufacture SCOUFLAIRE (Onnaing,
Nord) : Viennoise (émail
blanc) - Manufacture GAMBIER (Givet, Ardennes)
: Flamande, crochet au talon - Manufacture SCOUFLAIRE (Onnaing,
Nord) : Flamande, crochet au talon - Manufacture SCOUFLAIRE (Onnaing,
Nord) : Viennoise (émail blanc) - Manufacture inconnue (probablement
française) : Flamande, crochet au talon (émail
blanc) En bas : - Manufacture
GAMBIER (Givet, Ardennes) : Flamande, crochet au talon Sources : |
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