Manufacture Gambier. Paul Krüger. Givet, France. Déb XXe siècle.
 

 

La justesse de l'émaillage...
un dompteur
        "terrassant son lion"
une "fessée révolutionnaire"
Gérard le tueur de lions
un Fusilier-Grenadier
        du 1er Empire
un "vagabond"
le Président Casimir-Perier
une célébrité qui
        reste à identifier...
Don Quichotte (?) par Gambier
une pipe-charge :
        Nicolas 1er, Tsar de Russie
Pranzini : une tête d'assassin
un Jacquot scatologique
        de Dutel-Gisclon
Jacob : super star
        des pipes en terre cuite
une Jacob de la
        marque Tanneveau
l'Aiglon pétrifié !
la "Pipe des tranchées" du
        sculpteur Gustave Obiols
une tête de Russe (?),
        création de J. Viette
"Le Prisonnier",
         Auguste Blanqui
Nasir al-Din, "Shah de Perse"
une pipe-charge :
        Napoléon III...en loup !
une création insolite
         de Montereau...
le Maréchal Pétain du sculpteur
         Marcel Bouraine... mutilé !
le rare tirailleur sénégalais
         du sculpteur Marcel Bouraine
un "troupier" : belle création
         en terre cuite et papier mâché
le "Pompidou" et le "De Gaulle"
         du céramiste Marcel Giraud
         de Vallauris
 
Vous êtes ici : un "troupier" : belle création en terre à pipe et papier mâché
 

Cette pipe "grotesque" n'est pas à proprement parler une pipe en terre puisqu'elle a été fabriquée à partir de divers matériaux... dont un foyer de pipe en terre cuite blanche !

Il ne s'agit pourtant pas d'une création unique réalisée en un seul exemplaire ; nous avons en effet déjà rencontré une autre pétunoire de ce type, traitant du même sujet.


Pipe artisanale "le troupier",
technique mixte (pipe en terre, papier mâché)
France, fin du XIXe - début du XXe siècle





Une création à rapprocher probablement
du personnage du "comique troupier" !

A partir d'une pipe en terre cuite dont il a conservé le foyer et une partie du tuyau, ce génial bricoleur a réalisé en papier mâché le portrait caricatural d'un troupier moustachu et barbu.

L'embout est quant à lui réalisé à partir d'un simple fume-cigarette en corne.

Ajoutée postérieurement, une bague en argent ciselé, complète cette pipe artisanale.

Ce portrait est à notre avis à rapprocher du personnage du "comique troupier", très en vogue dans les caf'-conc', à la fin du XIXème et durant le premier tiers du siècle suivant.



Le genre "comique troupier", qu'on date généralement de 1876-1877, date de la création d'une chanson de Tréfeu et de Graziani, "L'invalide à la tête de bois".

Il est l'invention du chanteur comique Eloi Ouvrard, plus connu sous le nom d'Ouvrard père, son fils Gaston se distinguant également dans ce même genre…


"La Pipe à Tonton" /
"Quelle bonne pipe je vais fumer !" :
affranchissement du 3 septembre 1906



Son succès et son influence furent énormes à la fin du XIXème siècle ; il créa en effet plus de 800 chansons (Le Bi du Bout du Banc (1882), Ah ! la pauvre fille ! (1893), La fille du Rémouleur (1899)... ) !

Le " troupier " était ce personnage naïf, simple soldat (encore appelé " tourlourou " ou " piou piou " à l'époque), vêtu de l'uniforme bicolore d'avant la Grande Guerre, en pantalon rouge garance avec basanes, à la veste bleue aux épaulettes rouges et au képi rouge et bleu ! En fonction des goûts des chanteurs comiques du moment, cet "accoutrement " était toujours trop grand ou trop court !




"Le troupier" (n° 223 des catalogues de 1868
et de 1880 de la manufacture Gambier de Givet)




"Pioupiou grotesque" (n° 646 du
second catalogue de la manufacture
Gisclon de Lille : circa 1865-1875)

Cet uniforme de l'infanterie de ligne française, au pantalon et au képi rouge vif teint à la garance (obtenu à partir du rhizome de la plante du même nom), n'allait pas tarder à devenir célèbre en 1914…

Véritables cibles vivantes... et voyantes pour les tirs meurtriers de l'infanterie et de l'artillerie allemandes, les fantassins français allèrent ainsi au "casse-pipes" jusqu'en avril 1915, date du remplacement de ce costume bicolore, magnifique pour la parade mais dangereux pour le combat, par l'uniforme bleu horizon !



Ainsi affublé, le comique troupier exerçait son talent dans les salles de café-concert chantant les joies simples du soldat du rang : la solde, la nostalgie du pays, les sorties du dimanche, les épisodes de la vie de garnison mais également les marches épuisantes !

Quiproquos et malentendus, ordres mal compris et petites blagues entre conscrits constituaient les ressorts comiques de ces récits parlés ou chantés.



Confectionnée en papier mâché,
cette tête de pipe cache en fait un foyer de
pipe fantaisie en terre cuite de couleur blanche !





Tête et yeux en papier
mâché, dents en carton...

La grivoiserie était bien entendu parfois présente dans ces récits : officier que l'on fait cocu, aventure d'un moment à l'occasion d'une "perm" …

D'autres artistes succédèrent à Ouvrard père.

Pierre-Paul Marsalés, dit Polin (1863-1927), comique troupier par excellence de l'époque, était ainsi surnommé " le premier tourlourou de France ".



Le style de Polin (on parle du "genre Polin") était unique et à l'opposé des autres "troupiers" qui traversaient la scène de long en large.

Lui se tenait immobile, débitant lentement ses chansons, avec pour seul accessoire un mouchoir à carreaux rouge derrière lequel il aimait se cacher !

Ses succès : "La caissière du grand café", "Le p'tit objet", "La petite Tonkinoise", "La boiteuse du régiment", "La balance automatique" ...



Longueur : 21 cm
Hauteur de la tête : 8 cm



Le "genre Polin" fera de nombreux émules, dont les plus célèbres seront Charles, Joseph Pasquier dit Bach (1882-1953), et surtout Jules Muraine dit Raimu (1883-1946) ou Fernand Contandin, plus connu sous le nom de scène de Fernandel (1903-1971). Ces deux monstres du cinéma français ont en effet tous deux commencé leur carrière en s'essayant à ce genre comique désormais oublié...

Sources :

  • Catalogue Gambier, 1868
  • Catalogue Gisclon, 1865-1875
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