Cette pipe en terre cuite, à
l'évidence un rebut de fabrication, est le portrait de Cécile
Jules Basile Gérard, officier français des Spahis,
plus connu sous le surnom de "Gérard, le tueur de lions
" (1817-1864).
C'est par le récit de ses chasses aux lions en Algérie
("La chasse aux lions") que cet officier originaire du
village de Pignans dans le Var se rendit célèbre vers
1855, à son retour d'Algérie. Il y abattit en effet
25 lions d'Afrique du nord (espèce aujourd'hui totalement
disparue) en 11 ans.
Sa maison natale abrite aujourd'hui l'Hôtel de Ville de ce
village où une fontaine décorée de son effigie
a été érigée à l'occasion du
centenaire de sa mort.
Ce modèle porte sur le côté gauche de la douille,
par ailleurs décorée de feuilles d'acanthe, le n°
555 et la marque GD dans une cartouche sur le côté
droit. Cette marque fait probablement
référence à une production de la manufacture
créée en 1829 par Edme Antoine Gisclon à Lille.
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Gérard, le tueur de
lions, n°505
Manufacture Gisclon
Lille, France
Seconde moitié du XIXe siècle
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Détail d'une illustration de Gustave
Doré
tiré de l'ouvrage "La chasse au lion"
par Jules Gérard le tueur de lions,
Paris, Librairie Nouvelle, 1856
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Alphonse Daudet s'est à l'évidence
inspiré de cet officier des Spahis pour créer son
"Tartarin de Tarascon".
Daudet indique en effet que Tartarin "avait lu Jules
Gérard et connaissait la chasse au lion sur le bout du doigt,
comme s'il l'avait faite".
Tout comme Tartarin, les lecteurs de
Gérard devaient tomber sous le charme de ses récits
de chasse parfois illustrés ; comme cette édition
de "La chasse aux lions" de 1856 qui comporte 9 gravures
d'après des dessins de Gustave Doré.
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- Planche 1
: Tout cela s'opéra sous la protection de saint Hubert,
mon patron.
- Planche 2
: Ils essayèrent des prières.
- Planche 3
: C'est ordinairement un parent de la victime qui se dévoue.
- Planche 4
: De deux choses l'une ; ou le lion est tué, ou...
- Planche 5
: Je visai à la tempe et je pressai la détente...
le coup ne partit pas.
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- Planche 6
: Un lion avait étranglé un cheval au fond d'un
ravin.
- Planche 7
: Le pauvre diable qui restait chercha autour de lui un refuge.
- Planche 8
: Le lion, se voyant découvert , est tombé sur la
troupe
- Planche 9
: Il fond, la tête haute et la gueule ensanglantée
sur la troupe.
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Gambier, la célèbre manufacture
de pipe en terre installée à Givet, a produit deux
modèles à l'effigie du célèbre chasseur
provençal.
Ces modèles ont été probablement sculptés
par Dantan le jeune (1800-1869), Gérard lui ayant offert
deux lions empaillés (information relevée au Musée
Carnavalet à Paris, sur une étiquette associée
au modèle n°896 ).
Ce sculpteur se rendit célèbre, sous Louis-Philippe
et le Second Empire, en caricaturant de nombreuses personnalités
de l'époque sous forme de charges sculptées. Gambier
fit appel à son talent pour la réalisation de quelques
modèles : le violoniste italien Niccolo Paganini et l'écrivain
français Frédéric Soulié. Dantan a curieusement
également laissé à la postérité
son autoportrait en
tête de pipe.
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Manufacture Gambier
Modèle à douille
Gérard tueur de lions, n° 896
Catalogues 1868, 1880, 1894
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Manufacture Gambier
Modèle à tuyau (fantaisie)
Gérard tueur de lions, n° 219
Catalogues 1868, 1880, 1894
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Sources :
JEAN-LEO, Les pipes en terre françaises,
du 17ème siècle à nos jours, Le Grenier
du Collectionneur, Bruxelles, 1971
VAN PARYS Francis, Les pipes en terre
de Gambier - Essai de Recensement Thématique et Comparatif,
tomes 1 à 4, Editions du Pipe club de Liège "
Le Perron "
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