"Il y avait encore vers la fin de l'autre siècle, dans
les bureaux de tabac, et toujours prêts à offrir du
feu, des espèces de magots
qui, quoique divers d'apparence, avaient un air de cousinage ; ils
fumaient un gros cigare métallique, duquel sortait une mèche
imbibée du pétrole que recélait le ventre du
bonhomme et qui allumait pipes, cigares et cigarettes. Cela
avant les veilleuses alimentées au gaz qui remplissaient
le même office. "
Ces quelques mots empruntés à Michel Belloncle décrivent
magnifiquement ces "briquets",
généralement en régule, parfois peints de couleurs
vives, de la fin du Second Empire et du début de la Troisième
République. ("Les objets du fumeur", Librairie
Gründ, Paris, 1971).
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Briquet de comptoir,
France,
1870 - 1880
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De telles
caricatures représentaient des hommes de premier plan
(généraux, amiraux, politiques...) ou
des personnages de divers corps de métier.
Notre exemplaire figure un marin bedonnant,
main dans les poches, fumant un long cigare comme tous ses congénères
!
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Le corps sert de réservoir, le chapeau
monté sur charnière faisant office de bouchon.
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Marins fumant une
pipe en terre...
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Selon Bertrand Mahot, auteur du remarquable ouvrage "Les lampes
à essence - L'éclairage de nos aiëux",
le tuyau de cuivre fixé dans la bouche de ces statuettes
n'était pas muni de mêche, c'était la vapeur
d'essence qui s'enflammait. Tous les exemplaires que nous
avons pu observer jusqu'à maintenant étaient équipés
d'une mèche... Le débat reste ouvert !
Ce système très simple
- réservoir constitué par le corps du personnage,
chapeau ou tête faisant office de bouchon, tuyau de cuivre
fournissant la flamme - était
appliqué à de nombreux personnages ou compositions.
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Citons à titre d'exemples :
une statue de la liberté
dont la torche fait briquet
un buste d'enfant fumant avec
la mention "le premier essai" sur le socle
un briquet en forme d'ange,
le réservoir étant accessible par basculement de la
tête
une garniture de bureau en régule
et tôle avec sur un côté un briquet en forme
de forgeron debout près de sa forge ; l'auvent recèle
une pendule à sonnerie
un briquet de bureau en bronze, mandarin
chinois monté sur un pied en forme de griffe d'aigle
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...au même moment, deux
marins s'échangent du feu...
...alors que d'autres
pétunent déjà sur le pont !
(trois détails d'une partition du XIXe, de la
célèbre chanson "J'ai du bon tabac"
composée par l'abbé de Lattaignant
au XVIIIe siècle)
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Sources :
ANONYME, Briquets de l'autre siècle,
Revue des Tabacs, Paris, n° 216, 31ème année,
noël 1956
BELLONCLE Michel, Les objets du fumeur,
Librairie Gründ, Paris, 1971
JAKOVSKI Anatole, L'épopée
du tabac, Editions d'Art et d'Industrie, Max Fourny, Paris,
1971
MAHOT Bertrand, Les lampes à
essence - L'éclairage de nos aiëux, Massin, Paris,
1993
dimanche 28 janvier 2001 - lundi 29 janvier 2001, Drouot-Richelieu
, Tabacologia (Collection de Madame
T
et divers), Mes O. RIEUNIER & BAILLY-POMMERY,
Commissaires-Priseurs Associés (expert Bernard Mamy)
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